Un joli papillon, fleur ailée, vient voltiger devant la fenêtre ; sur les arbres voisins, les oiseaux se répondent ; au-dessous, les voix des fillettes en font autant :
« Entrez dans la danse !
« Voyez comme on danse. »
Que cette chanson est autrement gentille et gaie que celle du ragoût clapotant là sur le poêle !
M. et Mme Valon passent avec leurs bébés et s'arrêtent :
— Eh ! Suzette, ton ragoût brûle ! vite de l'eau !...
— Madame, aujourd'hui, je ne sais pas ce que je fais !
— Ma chère enfant, il faut toujours savoir ce qu'on fait. Tenons bon !
Suzette est désolée, car elle connaît déjà l'importance de la cuisine qui donne les bonnes ou les mauvaises digestions, le plaisir ou le dégoût de la table. Gâter un morceau de viande, un légume frais, les transformer en charbon ou même manquer de leur faire rendre toute leur qualité nutritive, toute leur saveur , ce sont là de grosses fautes. Elle a heureusement du nez, du palais ; c'est avec cela et de l'attention que se fait la bonne soupe, et le reste. Mme Liénard, la mère de Mme Valon, qui s'y entend, conseille Suzette.
On sait donc ici le moyen de sauver à peu près le ragoût brûlé. Sous les yeux de Mme Valon, elle le transvase, le rafraîchit de quelques aromates nouveaux : il sera presque mangeable.
Pourtant elle se sent le cœur gros. Et il faut la consoler :
— Courage, ma mignonne ! Tenons bon !
Mais il y a aussi des jours heureux, et ils sont de plus en plus nombreux, à mesure que le temps s'écoule et que Suzette grandit en taille et en bon vouloir.
Les aromates les plus employés en cuisine sont : 1° le thym, plante odoriférante ; 2° le clou de girofle, bouton à fleur du giroflier ; 3° la feuille du laurier ; 4° lanoix de muscade, fruit du muscadier, plante qui croît dans l'Inde .
Par l'habitude, le ménage, si long au début, est troussé maintenant en quelques tours de main ; et la marmite, qui obéit au doigt et à l'œil, jette de bonnes senteurs réconfortantes . Suzette n'a pas abandonné le devoir. Elle a à cœur de continuer le beau, le noble rôle de sa maman et de la femme de la caverne : l'embellissement et la joie du foyer.
Et, à cette heure, la maison est toute gaie de propreté et de fraîcheur ; aux repas, la famille se régale de mieux en mieux ; le père, rasséréné , sourit à la petite ménagère, qui même, aujourd'hui, trouve encore le temps de jouer.
Questionnaire.
— Que faisaient un joli papillon, les oiseaux et les fillettes, pendant que Suzette préparait le repas de famille ?
— Que direz-vous de la chanson ?
— Pourquoi Suzette agissait-elle ainsi ?
— Quel accident survint pendant qu'elle cuisinait ?
— En quoi est-il fâcheux de laisser brûler un mets qu'on accommode ?
— Quel conseil fut donné à Suzette par Mme Liénard ?
— Pourquoi était-elle triste ?
— Dites un mot de ses progrès dans la tenue du ménage.
— Pourquoi la chère petite a-t-elle réussi de la sorte ?
— Quelle heureuse transformation avait subie la maison ?
DÉVELOPPEMENT DES SUJETS PROPOSÉS POUR EXERCICES.
Français.
— Formez des propositions dans lesquelles vous indiquerez ce que font ou faisaient : le papillon, les oiseaux, les fillettes, le ragoût, Mme Liénard, Suzette, la marmite, la famille àtable.
Exercices.
Le papillon voltigeait devant la fenêtre. — Les oiseaux se répondaient. — Les fillettes dansaient en chantant une ronde, etc., etc.
Économie domestique.
— Quelles précautions faut-il prendre lorsqu'on fait cuire de la viande ou bouillir du lait ?
— Comment rend-on mangeable un mets brûlé ?
— A quoi servent les aromates dans la cuisine ?
— Quels sont les principaux ?
— Où se les procure-t-on ?
— Où met-on du thym, du laurier ?
Exercices.
Il est prudent, lorsqu'on fait cuire un mets ou bouillir du lait, de ne pas pousser le feu trop vivement, car la partie voisine du fond du vase serait exposée à brûler. Le lait déborderait alors et se perdrait en partie, tandis que le reste contracterait un goût détestable ; il ne faut donc jamais le perdre de vue, ce qu'oublie plus d'une petite fille à qui la maman a donné commission de veiller au fourneau.
On rend mangeable un mets brûlé en le plaçant dans un autre vase après avoir enlevé du morceau la viande détériorée ; on fait cuire ce qui reste sur un feu doux, en ayant soin de le couvrir de nouveaux aromates et de mettre soit du beurre frais, soit quelques tranches delard au fond de la casserole.
Les aromates ou condiments communiquent à la viande quelque chose de l'odeur forte et agréable qui leur est particulière, et en rendent la digestion plus prompte et plus facile. Tels sont : l'ail, la ciboule, l'oignon, l'échalote, le laurier, le poireau, les câpres, les capucines, le persil, le cerfeuil, l'anis, l'estragon, le thym, le serpolet. Sur la même ligne, nous mettrons les épices, c'est-à-dire le poivre, le piment, la vanille, la cannelle, le girofle, la muscade. La plupart viennent de la Malaisie .
On se procure les aromates ou condiments ainsi que les épices, soit en les cultivant dans son jardin, soit en les achetant chez les épiciers.
Les cuisinières mettent du thym et du laurier dans les ragoûts et sur les viandes qu'on fait cuire dans leur jus.
Sciences naturelles.
— Qu'est-ce que le palais ?
— A quoi nous sert le nez qui est l'organe de l'odorat ?
— Qu'est-ce qu’un papillon ?
— Nommez-en quelques espèces.
— D'où naissent-ils ?
— Citez un papillon très utile.
Exercices.
Le palais est la partie supérieure de l'intérieur de la bouche ; on le regarde comme le siège du goût.
Le nez est l'organe de l'odorat ; par lui nous avons la sensation des odeurs. Il forme saillie sur la face de l'homme, et les deux trous ou narines qui se trouvent à sa base donnent passage à l'air, lorsque ce gaz pénètre dans l'intérieur de la poitrine ou en est expulsé. Intérieurement, le nez est tapissé d'une membrane sécrétant continuellement une humeur particulière qui maintient à l'organe toute sa sensibilité.
Le papillon est un insecte dont la bouche en forme de trompe a une conformation telle que l'animal peut aspirer le suc des fleurs ; ses deux paires d'ailes sont membraneuses et souvent ornées des plus riches couleurs.
Le papillon provient d'un œuf qui bientôt donne naissance à une larve ou chenille. La chenille, à son tour, change d'état et se transforme en nymphe ou chrysalide après avoir filé un cocon où elle repose privée de mouvement jusqu'à l'instant où, une nouvelle métamorphose s'étant produite, on en voit sortir un papillon qui prend immédiatement son essor dans les airs.
Les papillons se divisent en un très grand nombre d'espèces ; nous indiquerons le Vulcain, à bandes de feu ; le Paon de jour, avec quatre superbes yeux d'un bleu violet ; la Belle-Dame, les Piérides, papillons blancs funestes aux choux, navets, radis, etc. ; le Sphinx, très nuisible aux abeilles, dont il mange le miel. Parmi les papillons utiles, nous citerons le bombyx du ver à soie, dont la chenille tisse un cocon formé par un fil brillant et solide, la soie, avec lequel on confectionne de superbes étoffes.