Marie Robert Halt

L'auteure de Suzette, Marie Robert Halt, est née Marie Eulalie Eléonore Malézieux dans une famille d'artistes de Saint Quentin, en Picardie, dans le nord de la France, en 1849. Elle perdit sa mère en 1854 à l'âge de cinq ans. Son père, l'artiste Jean-Baptiste Malézieux, souffrait d’une situation financière précaire et à huit ans, Marie déménagea de son petit village de Nauroy à Paris, chez son oncle, le peintre Désiré Laugée.

 

Elle participa à la riche vie politique et culturelle de Paris des années 1870 et 1880. Là, elle rencontra son futur mari, Louis Charles Vieu, dont elle adopta le pseudonyme littéraire, Robert Halt. Leur cercle comprenait des écrivains, des peintres, des journalistes et des militants politiques et sociaux de gauche. Sa carrière littéraire allait des romans pour enfants primés à des novellas satiriques pour adultes. Elle était profondément impliquée dans les cercles républicains laïcs préoccupés par l'éducation populaire et la réforme éducative. Avec son mari, un critique du régime de Napoléon III et un défenseur de la Commune, elle était attachée aux causes du féminisme et de la réforme sociale, influencée par les théories du socialiste utopique, Charles Fourier et les théories économiques coopératives de Charles Gide.

 

Dans les années qui suivirent les lois Ferry de 1882 et 1883 qui fondèrent l’éducation primaire laïque, gratuite et obligatoire pour les garçons et les filles entre 7 et 13 ans, elle écrivit une série de manuels scolaires et de livres de lecture. Avec plus d'un million et demi de copies imprimées entre 1888 et les années 1920, son Suzette, était probablement le livre de lecture primaire le plus réussi pour les filles pendant la Troisième République. Il fut suivi par L’Enfance de Suzette (plus de 865 000 copies imprimées) et Le Ménage de Mme Sylvain, permettant aux écolières de suivre le personnage principal, Suzette, de l'enfance à l'âge adulte au fur et à mesure de leur progression à l'école élémentaire.

 

Ces livres furent lus par des générations de filles et, comme c'était souvent le cas dans les foyers populaires  avec peu de livres, par d'autres membres de la famille. Le succès de Marie Robert Halt en tant qu'auteure de manuels scolaires populaires suffit à mériter l'attention critique. Cependant, l'image stéréotypée que l'on pourrait avoir d'une écrivaine austère de manuels moralisateurs ne rend pas justice à la participation de Marie Robert Halt aux courants culturels et idéologiques qui animèrent la belle époque en France. De nombreux aspects de ses intérêts et activités trouvent des échos surprenants dans Suzette.

 

Une source importante d’informations sur Marie Robert Halt et son milieu familial et social provient des recherches et des archives d’un descendent de la famille Malézieux, Jérémie-Pierre Jouan, que nous tenons à remercier. Vous pouvez consulter son site ici: http://www.peintres-et-sculpteurs.com/index.php