Suzette

Marie Malézieux, qui deviendra plus tard Marie Robert Halt, perdit sa mère en 1854 à l'âge de cinq ans. Elle appartenait à une classe sociale qui recevait traditionnellement une éducation privée, mais se retrouva dans une situation difficile à cause de la situation financière précaire de son père, l'artiste Jean-Baptiste Malézieux. À huit ans, Marie quitta son petit village de Nauroy pour Paris, où elle emménagea chez son oncle, le peintre Désiré Laugée. Il prit en charge son éducation, dont un voyage linguistique en Angleterre en 1858.

Pendant ses années de formation, Marie fréquenta des écoles à Paris et à Saint Quentin. Un jalon notable de son éducation fut consigné dans l'édition du 9 août 1872 du Journal de la ville de Saint-Quentin. Marie, alors étudiante dans un pensionnat protestant, avait passé l'examen du Brevet de capacité, confirmant son aptitude à enseigner à l'école primaire. Elle se rendit ensuite en Angleterre, où elle étudia l'anglais et servit de tutrice au fils d'une jeune veuve à Bedford. Cette expérience lui permit de se familiariser avec les méthodes pédagogiques anglaises, qui mettaient en avant l'utilisation de leçons de choses qui auraient une place prépondérante dans ses manuels.

En 1877, elle était de retour à Paris, appliquant ses compétences académiques en tant qu'enseignante et plus tard en tant que tutrice privée. Cette période dura jusqu'à son mariage en 1881 avec Charles Vieu, qui écrivait sous le nom de Robert Halt. Halt, ancien enseignant d'école catholique, avait perdu son emploi en raison de ses opinions politiques. Après son mariage, Marie Robert Halt entama une carrière littéraire et pédagogique, publiant des livres de lecture courante destinés aux enfants de l'école primaire. Ces publications remplissaient un double objectif, offrant une pratique de la lecture tout en alignant leur contenu sur le programme complet de l'école primaire de la Troisième République.

En 1888, Marie fit ses débuts dans le domaine de l'édition éducative avec son premier livre de lecture pour les filles de 9 à 11 ans, intitulé Suzette, livre de lecture courante à l'usage des jeunes filles. Elle continua à travailler avec l'éditeur éducatif parisien, Librairie Classique Paul Delaplane, pour tous ses manuels ultérieurs. Marie publia ensuite un livre de lecture pour les garçons et les filles, Écoliers et écolières : Livre de lectures courantes, en 1891. Au lieu d'un récit suivi ou un roman scolaire, comme Suzette, chaque chapitre traitait dans un court récit autonome un sujet différent du programme général. L'année suivante, elle revint à l'histoire de Suzette et publia un préquel, L'Enfance de Suzette pour le cours élémentaire (7 à 9 ans) et, en 1895, une suite pour le cours supérieur (11 à 13 ans), Le Ménage de Mme Sylvain. Les filles pouvaient ainsi suivre les aventures de Suzette tout au long de l'école primaire.

Marie Robert Halt publia son ultime manuel, Le Droit chemin, en 1902. Parallèlement, elle est devenue membre de la Commission des dames de la Ligue de l'enseignement en 1901, un groupe de défense important pour l'éducation publique laïque en France. Son travail était principalement axé sur l'élargissement des réseaux de soutien pour les filles après la fin de leur éducation.

En 1905, Marie fut nommée Officier de l'Académie dans l'Ordre des Palmes académiques. Pendant cette période, elle a également consacré ses efforts à la Colonie de Condé sur Vesgre, inspirée par Fourier. Là, elle fonda une cantine scolaire, approvisionnée par un jardin géré par des élèves. Son projet de créer une école agricole a été interrompu par sa mort en 1908