Large Descriptive Area Block Title
Narratif
Large Descriptive Area

Le lendemain, jeudi, fut un jeudi fameux en balayage et en rangement. 

— Vous, les bottes, par ici ! toi, la soupière, par là !  Vous, les bottes, par ici ! toi, la soupière, par là !  toi, le chaudron, de ce côté ! chacun à votre place, s'il vous plaît ! et qu'on n'en bouge plus que pour le service ! Tout le reste de  l'encombrement* , à la porte ! En avant le balai ! Et de l'eau à pleins seaux ! 

Tout animée, les joues rouges, Suzette, allait, allait !  Elle s'était mise au ménage à six heures, après le départ du père pour les champs, et sans le prévenir.  Vers dix heures, toute haletante, n'en pouvant plus, elle appela François, qui, revenant d’on ne sait où, passait en sifflant comme un merle. 

— François, où sont Jacques et Charlot ? 
— Ils se promènent. 
— Ne pourrais-tu m'aider un peu ? 
— A quoi ? 
— Au ménage. 
— Tu dis ? 
— Au ménage. 

François releva la tête en arrière ; son nez, déjà si bien retroussé, se retroussa encore plus, sa bouche se fendit jusqu'aux oreilles : il en sortit un grand éclat de rire. 

— Le ménage, dit-il, c'est donc l'affaire des hommes ?  Ah ! ah ! ah ! 

Après quoi, s'avançant, il commença par imprimer sur le carreau frais lavé une demi-douzaine d'empreintes de ses vilaines pattes chaussées de galoches ; puis, pour tirer de l'armoire un mouchoir, en bouleversa tous les rayons et, ayant de cette manière montré son savoir-faire*  , il reprit sa sifflerie. 

— Oh ! le petit singe ! s'écria Suzette. 

Il se retourna : 

— Moi, un petit singe ? 
— Non, un grand ! et qui devrait au moins se taire, puisqu'il ne veut pas travailler. Tu sais bien ce que disent les nègres : que les singes ont la parole, mais que par malice ils feignent*  d'être muets, craignant que l'homme ne les mette à la besogne ! 

François haussa les épaules et tourna les talons. 

Cependant le grand nettoyage s'acheva. Le soir, le père, au retour des champs, s'arrêta sur le seuil de la porte, regarda autour de lui, aspira l'odeur d'une fricassée de pommes de terre, une bonne odeur depuis longtemps oubliée ; son visage s'éclaira : voilà le sourire attendu ! 

M. Dumay se tourna vers Suzette, et, les yeux mouillés : 

— Est-ce que ta pauvre maman serait revenue ? 
— Hélas ! non, papa, dit-elle, en se jetant dans ses bras ; mais si je pouvais lui ressembler !

Questionnaire.

Que disait Suzette animée de zèle pour le nettoyage de la maison ?
— Racontez comment elle s'acquitta de ce travail.
Que pensez-vous de cette jeune enfant ?
Reproduisez de votre mieux le dialogue qui s'engagea entre elle et François.
Quelles vilaines choses fit-il au moment de quitter la maison ?
Que pensez-vous de la manière de répondre et d'agir de François, ?
Qu'aurait fait, à sa place, un bon petit frère ?
Que lui dit Suzette indignée ?
Quel effet produisit sur le père la vue de la cuisine nettoyée et rangée

 


DÉVELOPPEMENT DES SUJETS PROPOSÉS POUR EXERCICES.


Morale.


Qu'est-ce qu'une maison bien tenue ?
Effet qu'elle produit sur le mari.

Exercices.

Une maison bien tenue n'est pas toujours une élégante habitation richement meublée, ornée de peintures, ayant de larges et commodes escaliers et de belles dépendances ; mais elle est celle où une main intelligente et courageuse fait régner l'ordre et la propreté. 

Toute maison, tout appartement, peuvent être bien tenus : ferme ou chaumière, atelier de l'ouvrier ou chambre de famille. Il suffit pour cela d'un peu de cœur et de volonté. Le temps ne fait jamais défaut qu'aux paresseux et aux paresseuses qui ne peuvent se résoudre  à quitter le lit dès le matin, ainsi qu'à ces commères dont le meilleur de la journée se consume en bavardages où la futilité s'allie plus d'une fois à la méchanceté. 

Un mari qui, à la fin d'une rude journée de labeur, revient des champs ou de l'atelier, sourit et oublie ses fatigues à la vue d'un intérieur brillant de propreté, du poêle luisant où le feu ronfle gaiement, et du repas disposé avec goût sur une nappe blanche. Si les mets sont préparés avec soin et économie, si les verres étincellent sous les rayons d'une lampe à la flamme claire, si près de lui s'asseyent une femme et des enfants à la mise simple mais d'une irréprochable netteté, il se dira que nulle part ailleurs il ne sera mieux et on ne l'aimera mieux. Ne craignez plus alors que le cabaret l'attire ; il sait où il trouvera les plus douces jouissances.

Économie domestique. 


Comment s'y prend-on pour nettoyer le carrelage ou le parquet d'une salle ;
pour laver les vitres ;
pour laver et ranger la vaisselle ;
pour rendre les meubles nets et brillants ?

Exercices.

Pour nettoyer le carrelage ou le parquet d'une salle, on fait dissoudre du savon noir ou des cristaux de soude dans un seau d'eau tiède, et avec une brosse de chiendent qu'on trempe dans le liquide, on frotte ce carrelage et ce parquet. Lorsqu'on a ainsi opéré sur un demi-mètre carré environ, on rince à  l'eau claire et l'on éponge à l'aide d'une toile d'emballage qu'on lave fréquemment. Le travail se poursuit ainsi jusqu'à ce qu'il soit achevé. On emploie les cristaux de soude de préférence au savon noir lorsqu'il y a des taches graisseuses à faire disparaître. 

On procède de deux manières au nettoyage des vitres : 

1° Au moyen d'un chiffon préalablement trempé dans une bouillie de craie ou de blanc d'Espagne ; on barbouille les vitres sur chaque face, et on laisse sécher. Lorsqu'elles sont sèches, on les frotte avec soin en n'oubliant pas  de débarrasser tous les angles des matières qui s'y accumulent. 
2° On lave les vitres avec de l'eau contenant un vingtième d'eau-de-vie, et on les frotte ensuite avec un linge propre jusqu'à ce qu'elles soient bien claires. 

Le lavage de la vaisselle suppose qu'à l'avance on a fait chauffer de l'eau à une température voisine de l'ébullition et que, si les pièces à  nettoyer sont très grasses, on a jeté dans le liquide quelques cristaux. Alors on plonge les assiettes et les plats dans ce liquide, et on les y frotte séparément avec un chiffon de vieux linge fixé à l'extrémité d'un petit bâton. Il ne reste plus qu'à les retirer, à les faire égoutter et à les essuyer avec un torchon bien propre. 

Pour rendre les meubles nets et luisants, s'ils sont recouverts d'un placage et vernis, on les frotte avec des chiffons de vieux linge de coton. Les meubles de bois ciré sont brossés d'abord, puis frottés comme il vient d’être dit, avec une peau souple.

Civilité. 


Comment, à votre avis, les plus jeunes enfants doivent-ils parler à leurs aînés et les écouter ?
Pourquoi ?
Comment seront, à leur tour, les ainés pour leurs frères et sœurs ?

Exercices.

Dans une famille bien unie, les plus jeunes enfants parleront à leurs aînés avec une certaine déférence, et ils se conformeront à leurs ordres si le père ou la mère leur ont confié la surveillance de la maison, eux se trouvant empêchés. De leur côté, les aînés se feront un plaisir d'aider et de protéger leurs frères et sœurs plus jeunes, et de leur donner en toute occasion de bons exemples. 

Comme l'a dit un moraliste : « Que l'amour que vous devez à vos semblables commence à se manifester en vous, dans toute sa perfection, à l'égard de ceux à qui vous êtes lié par la plus étroite des fraternités : celle qui naît de la communauté du sang. »

Sciences naturelles. 


Ce qu’est la pomme de terre.
Ses usages comme plante alimentaire, pour l'homme et pour les animaux.

Exercices.

La pomme de terre est un tubercule rempli de fécule qui est produit par le renflement de la tige souterraine. Elle provient des plateaux du Chili et du Pérou. Les feuilles de cette plante sont cotonneuses au-dessous et d'un vert pâle au-dessus ; elle porte des fleurs blanches, violettes et roses qui peuvent passer pour jolies ; quant aux fruits, ce sont des baies sphériques et verdâtres grosses comme des marrons. 

La pomme de terre entre pour une part importante dans l'alimentation de l'homme en Europe et en Amérique  ; on l'a introduite dans le régime des animaux de la basse-cour, du porc, par exemple, auquel elle procure un engraissement rapide.