Le soleil frappait en plein dans les vitres ; les grands stores* de calicot blanc étaient baissés devant les trois fenêtres ouvertes, par où pénétrait le bon air matinal, tout chargé des brises champêtres. La lumière ainsi tamisée* jetait un blanc et joli reflet* sur toutes es petites têtes assemblées le long des tables de l'école.
Les leçons récitées, les devoirs corrigés, une quantité de paires d'yeux de toutes couleurs regardaient Mme Valon en train de feuilleter un livre.
Mme Valon était l'institutrice nouvelle de Fragicourt, arrivée depuis un mois à peine avec son mari, le maître de l'école des garçons. Elle leva son visage encore jeune, promena autour de la classe un regard gravement souriant et commença la lecture attendue :
LA FAMILLE AUX TEMPS PRÉHISTORIQUES.
C'était un lieu sauvage. De grands arbres surplombaient* une excavation de terrain ; des ronces, des clématites* énormes, suspendues aux talus ravinés* , aux branches, aux déchirures des roches, formaient de leurs innombrables et souples lianes* un inextricable* rideau. Au profond de la forêt s'entendaient des clameurs sinistres, les terribles voix du loup, du chacal, du lynx, du grand ours des cavernes. Çà et là un roucoulement de tourterelle, un pépiement* de passereau rompaient, comme un murmure d'espérance, la sombre désolation de ces lieux.
Tout à coup, dans le sentier à peine frayé, les branches sèches craquèrent.
Vêtu de peaux de bêtes, les cheveux et la barbe incultes et longs, le corps ployé sous le poids d'une biche morte, sa main musculeuse appuyée sur un épieu*, un homme s'avançait avec précaution, l'œil, l'oreille au guet. Il s'arrêta ; de ses lèvres sortit un sifflement strident. Presque aussitôt le rideau de broussailles s'entrouvrit : une autre créature humaine, vêtue de peaux de bêtes comme la première, apparut. Elle tenait dans ses bras un petit enfant. Il était frais, blond, enveloppé d'une peau d'agneau et portait sur la tête une couronne faite de baies* de sorbiers, de feuillage et de fleurs. Avec un regard de triomphe, la mère l’éleva dans ses bras.
Alors le farouche visage du chasseur s'éclaira, s'adoucit ; sous ses sourcils épais, ses yeux sourirent à l'enfant si bien paré ; il caressa la petite tête fleurie.
Puis la famille disparut derrière le rempart de lianes et s'enfonça dans la caverne qui lui servait de demeure.
C'était une sombre habitation, aux parois de roc inégalement superposées, et faiblement éclairée par un brandon enflammé de sapin résineux.
L'homme, après avoir laissé tomber le gibier de sa chasse, alla s'asseoir sur une pierre dans un coin et regarda autour de lui avec surprise. Des feuillages, des branches d'églantier en fleurs ornaient le roc ; l'aire* , débarrassée des débris de la veille, était jonchée de mousse et d'odorantes herbes.
Puis ses yeux regardèrent à ses pieds, où la mère, sur une peau de renard, qu'elle venait d'étendre, déposa le petit enfant, en lui donnant pour jouets des glands de chêne et des cailloux polis. Comme tout à l'heure, le père sourit, mais cette fois son sourire s'adressait à la femme.
Car c'était la femme qui venait de créer la première délicatesse du nid familial, pour adoucir l'homme et le charmer, pendant qu'au dehors hurlaient les loups et les autres ennemis.
Questionnaire .
— Quel était l’aspect intérieur de l'école ?
— Que savez-vous de Mme Valon ?
— Que fit-elle avant de commencer sa leçon ?
— Comment étaient les alentours de l'habitation de la famille préhistorique ?
— Qu'entendait-on dans la forêt ?
— Décrivez l'homme arrivant de la chasse ;
— la femme et l'enfant.
— Quel effet produisit cette apparition sur le chasseur ?
— Décrivez la caverne habitée par la famille.
— Qu'avait fait la mère ?
— Pourquoi le père était-il satisfait ?
DÉVELOPPEMENT DES SUJETS PROPOSÉS POUR EXERCICES.
Géographie et Notions de cosmographie.
— Quels grands astres nous éclairent ?
— Quelle différence y a-t-il entre la lumière du soleil et celle de la lune ?
— Autour de quel astre tourne la terre ?
— Autour de quel astre tourne la lune ?
— Sous quelles formes nous apparaît ce dernier astre ?
— Que voit-on à sa surface ?
Exercices.
Outre les innombrables étoiles qui brillent au ciel, deux grands astres nous éclairent : le soleil qui produit le jour, la lune qui diminue l'obscurité des nuits. Le soleil est une étoile énorme située à 150 millions de kilomètres de la terre ; son diamètre dépasse 1,430,000 kilomètres et son volume est égal à quatorze cent mille fois celui de notre globe. Il tourne sur lui-même en 25 jours et demi, et s'avance dans les espaces célestes vers un centre inconnu avec une vitesse de 250 millions de kilomètres par an. Le soleil forme une masse enflammée qui donne à la terre la lumière et la chaleur.
La lumière du soleil vient de cet astre lui-même ; celle de la lune n'en est que le reflet ; elle est 800,000 fois plus faible.
La terre, qui mesure 40,000 kilomètres de circonférence et qui est 49 fois plus grosse que la lune, tourne autour du soleil dans l'espace d'une année, soit 365 jours ; la lune, de son côté, tourne autour de la terre en 29 jours et demi.
La lune nous apparaît sous des formes différentes ou phases, selon la position qu'elle occupe par rapport au soleil et à la terre. D'abord c'est un croissant lumineux ; puis brille dans le ciel le quart de l'astre ; on dit alors qu'on est au premier quartier. Sept jours après, on aperçoit la face tout entière de la lune ; c'est la pleine lune. Après le même intervalle, on n'en voit plus que le quart ou le dernier quartier ; enfin, l'astre cesse d'être visible ; il y a alors nouvelle lune.
Sur la surface de la lune on distingue, à l'aide de fortes lunettes, de très hautes montagnes, des cratères de volcans éteints, des plaines immenses qui paraissent avoir été le lit d'anciennes mers.
Histoire.
— Comment étaient les premiers habitants de notre [France](http://www.wikidata.org/entity/Q142) ?
— De quoi vivaient-ils ?
— Où habitaient-ils ?
— Comment étaient ces abris ?
— De quoi étaient formés leurs vêtements ?
Exercices.
Les premiers hommes qui habitèrent sur le sol de notre France , y apparurent à une époque prodigieusement éloignée dite âge quaternaire, et en même temps que d'énormes animaux, aujourd'hui disparus, tels que le mammouth, le rhinocéros, l'ours des cavernes (1).
C'étaient des sauvages ; armés de silex taillés et grossièrement emmanchés, ils chassaient, à travers les marécages et les forêts, les animaux dont ils faisaient leur nourriture ; ils vivaient encore de poisson et des âpres fruits qu'ils recueillaient sur les arbres.
Ils habitèrent d'abord sous les arbres, puis s'établirent à l'abri de roches surplombantes, et enfin dans des cavernes où des fouilles récentes ont mis à découvert des débris de leurs foyers, des os et des silex taillés dont ils se servaient comme d'armes, de couteaux ou de grattoirs. A une époque assez rapprochée de la nôtre, nos ancêtres élevèrent des huttes qu'ils construisaient souvent sur des pilotis, non loin du bord des lacs et des rivières et en pleine eau, pour éviter l'attaque de leurs ennemis.
Ils se couvrirent de peaux de bêtes pendant longtemps. Lorsque la civilisation eut fait des progrès parmi eux, ils se confectionnèrent des vêtements avec de grossiers tissus de laine dont on a retrouvé quelques spécimens dans les tourbières danoises.
(1) Les musées d'histoire naturelle de Paris et des grandes villes ronferment des squelettes de ces animaux. Le mammoth était un éléphant gigantesque á longs polls ; on en a troubéde contelés en Sibérie.
Sciences naturelles.
— Qu'est-ce que l'églantier ?
— Décrire sa tige, sa feuille, sa fleur.
— Où croit-il et à quoi l'emploie-t-on ?
— Décrivez les feuilles et les fruits du houx.
— Usage des plus belles tiges de cet arbuste.
Exercices.
L'églantier, ou rosier sauvage, est un arbuste des régions tempérées.
Sa tige, munie de fortes épines et remplie d'une moelle blanchâtre, s'élève à deux ou trois mètres. Elle porte des rameaux garnis de feuilles dentelées, à l'extrémité desquels apparaissent, au printemps, de nombreux bourgeons qui s'épanouissent en jolies fleurs aux pétales roses, garnies intérieurement d'étamines jaune d'or qui exhalent un doux parfum.
L'églantier croit naturellement le long des haies et dans les bois ; on l'emploie comme sujet, dans les jardins, pour greffer les diverses variétés de roses.
Le houx est un arbrisseau toujours vert dont les feuilles luisantes et coriaces sont garnies de piquants sur leur pourtour. Il porte de petits fruits réunis en grappes d'un très beau rouge.
Les plus belles tiges de houx sont employées à faire des manches de fouets ou des cannes, parce que le bois de cet arbuste est à la fois élastique et résistant.